mardi 28 juillet 2009

l'ethnologue Hocine Nedjar participe au stage d'immersion de Ti ar vro.

D'origine algérienne, il est accro au breton
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À Lesneven, l'ethnologue Hocine Nedjar participe au stage d'immersion de Ti ar vro. Une manière « de pénétrer l'esprit de la population ».« C'est une semaine dense, qui construit mon imaginaire. » Hocine Nedjar, ethnologue de 43 ans né en France de parents algériens, achève son stage intensif de breton à Lesneven. C'est la deuxième fois qu'il participe à la session proposée par l'association Ti ar vro. Cours, théâtre, chant, visites, hébergement chez l'habitant : les stagiaires vivent et parlent breton du matin au soir.
Hocine Nedjar vit à Nanterre ; il pratique le breton depuis sept ans. Chaque vendredi soir, il rejoint l'association des Bretons de Rueil-Malmaison pour parler « brezhoneg ». Son métier le porte naturellement à se familiariser avec les langues minoritaires. « C'est nécessaire pour pénétrer l'esprit d'une population, explique-t-il. On a tous une culture qui nous appartient. Elle est indispensable pour se connaître et accepter les autres. »
Au-delà de l'aspect professionnel de l'immersion, Hocine Nedjar évoque pourtant une démarche personnelle. « Ma grand-mère algérienne ne parlait pas un mot de français. J'ai commencé à m'interroger sur la pluralité de ma culture. De 1973 à 1986, j'ai découvert l'Algérie. Et ma culture à travers les autres, moi qui ne parlais pas arabe. C'est là que j'ai développé un regard ethnologique. »
Le jeune homme revient en France poursuivre ses études supérieures en histoire et ethnologie. « J'ai fait la connaissance d'un Breton, raconte Hocine Nedjar. J'ai découvert la langue et la spiritualité bretonnes. » L'île de Groix et le breton vannetais deviennent alors ses spécialités ; il leur consacre un mémoire.
L'ethnologue en est persuadé, « la langue bretonne est le reflet de la civilisation bretonne. À côté de la mondialisation, il faut préserver les langues minoritaires. Le breton compte 300 000 locuteurs ; 15 000 d'entre eux ont moins de 40 ans. Mais il y a des initiatives individuelles qui illustrent la persévérance de l'âme celtique. »
Hocine Nedjar fait ce qu'il appelle de « l'ethnologie participative ». À Lesneven, avec les stagiaires et les familles qui les hébergent, il peut donner libre cours à son goût pour la conversation. « Parfois, je suis tellement dedans que je sors des expressions en arabe ! »
Hocine Nedjar habite chez Jo Kermoal, lui aussi ardent défenseur du breton. « Ça me prend aux tripes, explique ce responsable d'association. J'accueille des stagiaires depuis trois ans. J'ai reçu une Islandaise, un Russe et maintenant un ethnologue d'origine algérienne. C'est très enrichissant et ça donne une vraie ouverture d'esprit. »
Catherine JAOUEN.

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